Au lendemain du lancement de la Silver Économie en 2013, le Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective avait publié un rapport intitulé « La Silver Économie, une opportunité de croissance pour la France ».
Nous étions alors quelques mois après la naissance de la Silver Économie en France.
Ce rapport se proposait de répondre à plusieurs questions, notamment : dans quelle mesure le marché en pleine expansion des seniors peut-il être une source de croissance pour l’économie française ?
Ce rapport avait fait beaucoup de bruit et a très vite été écarté, principalement en raison d’une des six propositions qu’il présentait.
La proposition numéro 1 était intitulée ainsi : fonder la stratégie d’émergence de la filière Silver Économie sur le ciblage des seniors les plus aisés, seule clientèle solvable.
Il poursuivait en proposant d’aider au développement d’une infrastructure permettant, dans un second temps, de passer au marché de masse et au développement de l’offre médico-sociale. Enfin, il préconisait de recentrer l’aide financière sur les plus en difficulté.
Autant dire qu’à l’époque, avec le gouvernement en place, cette proposition n’a pas été très bien accueillie.
Beaucoup sont montés au créneau en parlant de discrimination des seniors basée sur les revenus.
Le résumé de la proposition
La stratégie pour développer la Silver Économie repose d’abord sur le ciblage des seniors aisés, les plus solvables. Une fois cette clientèle atteinte, il sera possible de déployer une infrastructure permettant d’étendre l’offre à un marché de masse, tout en renforçant l’offre médicosociale.
Parallèlement, il est crucial de recentrer l’aide financière sur les seniors les plus en difficulté. Pour que la Silver Économie ne se limite pas à accompagner le vieillissement, elle doit encourager l’émergence d’une offre nouvelle et jouer un rôle de levier pour des technologies innovantes comme la robotique, la domotique, et les dispositifs médicaux, qui peinent à s’exporter rapidement.
Le marché des seniors peut ainsi offrir visibilité et rentabilité à ces innovations. Le rapport propose la création d’une organisation pour commercialiser des bouquets de services intégrant ces technologies.
L’État pourrait permettre l’émergence de marchés en manque de demande, en favorisant l’innovation et en coordonnant certaines initiatives privées, tout en limitant l’intervention sous forme de subventions directes ou de solvabilisation de la demande.
L’État doit d’abord mobiliser des outils de communication et de sensibilisation, avant de promouvoir la labellisation et la normalisation des solutions. Une infrastructure pourrait ensuite structurer un univers dispersé de produits et services hétérogènes. Les trois actions clés incluent la mobilisation de l’épargne des âgés pour soutenir la croissance, le financement d’entreprises innovantes via un fonds public-privé, et le soutien à l’exportation de projets de home care et d’habitats collectifs pour seniors, intégrant technologie et savoir-faire.
10 ans plus tard
10 ans plus tard, on peut constater que les entreprises qui réussissent dans la Silver économie sont celles qui s’adressent en priorité aux seniors ayant des revenus supérieurs à la moyenne.
Dans la plupart des études que nous avons menées, ou qui nous ont été demandées, on se heurte souvent à la question de la solvabilité d’une partie des seniors.
Naturellement, les stratégies s’orientent la plupart du temps vers les seniors disposant des revenus les plus élevés.
L’autre solution est de s’orienter vers le BtoBtoC, en espérant que les acteurs contribueront au développement des start-up dans la Silver économie.
En fait, les entreprises qui réussissent sur ce marché ciblent majoritairement les personnes aux revenus plus élevés, notamment lorsqu’il s’agit de proposer des produits ou services préventifs.
Cependant, la deuxième phrase de la proposition stipulait : « Aider au développement d’une infrastructure qui permettra, dans un second temps, le passage au marché de masse et le développement de l’offre médico-sociale. »
Cette infrastructure n’a pas été mise en place et ne le sera probablement jamais, ou alors dans très longtemps.
Ce rapport a été mis de côté, ou peu diffusé, à cause de désaccords liés à une partie de la première proposition.
C’est regrettable, car en y regardant de plus près, les six propositions décrites dans ce rapport auraient probablement permis un plus grand développement de la Silver économie.
Les 6 propositions du rapport
Proposition n° 1 : Fonder la stratégie d’émergence de la filière Silver Économie sur le ciblage des seniors les plus aisés, seule clientèle solvable. Aider au déploiement d’une infrastructure qui permettra dans un second temps le passage au marché de masse et le développement de l’offre médicosociale. Enfin, recentrer l’aide financière sur les plus en difficulté.
Proposition n° 2 : Rationaliser l’offre de services, en prenant pour pivot la télé- assistance. En favorisant la standardisation des échanges via le recours à un bus, l’État permet aux acteurs de multiplier les bouquets de services et de produits.
Proposition n° 3 : Pour rendre l’épargne immobilière plus facilement mobilisable, étudier les possibilités de réforme du viager, dans le sens d’une vente partielle du bien. Renforcer l’impact d’une telle réforme en favorisant le développement d’un marché du risque de longévité.
Proposition n° 4 : Susciter dans les établissements financiers la création de produits adaptés à la clientèle âgée. Mettre éventuellement en place un Livret Argenté, en complément optionnel du Livret A, avec pour objectif de canaliser l’épargne liquide des seniors vers le financement de la croissance.
Proposition n° 5 : Créer un fonds de filière pensé moins comme un pur fonds de capital-risque que comme un véritable outil de politique industrielle, avec pour vocation l’amorçage, l’organisation de la filière et les synergies avec les filières comme la robotique ou les dispositifs médicaux.
Proposition n° 6 : Encourager le développement à l’international d’une offre de résidences seniors équipées des dispositifs de domotique et de service les plus innovants.
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