Les jeunes seniors, âgés de 60 à 65 ans, sont une population clé pour les actions de prévention en matière de santé et de bien-être. Cependant, nos études montrent que seuls une minorité d’entre eux s’engagent étroitement dans ces initiatives à un âge où elles seraient les plus efficaces. Pourquoi cette réticence et comment y remédier ?
Une faible culture de la prévention
En France, la prévention souffre d’un manque de reconnaissance culturelle et institutionnelle. Le système de santé français, principalement axé sur le curatif, laisse peu de place à une approche proactive.
De plus, beaucoup de jeunes seniors évitent de s’engager dans des actions de prévention par peur de découvrir une réalité inconfortable sur leur santé. Ce phénomène, combinant déni et procrastination, reflète une peur à court terme de faire face à l’inconnu, qui surpasse la crainte des conséquences à long terme.
Ainsi, beaucoup n’adoptent une posture préventive qu’une fois entrés dans une phase de fragilité, moment où il devient plus difficile de rectifier la situation.
Les freins aux actions de prévention
Malgré les efforts des assureurs, caisses de retraite et acteurs locaux pour promouvoir la prévention, ces initiatives attirent peu. Les équipements liés à la Silver économie — qu’il s’agisse de dispositifs de protection ou d’aménagements de domicile — suscitent généralement peu d’intérêt.
Une raison majeure : l’absence de bénéfice immédiat. Si l’objectif à long terme d’amélioration de la santé est clair, il ne suffit pas pour motiver les jeunes seniors.
L’importance du bénéfice secondaire immédiat
Les actions de prévention doivent offrir un bénéfice immédiat et palpable pour être attractives. Par exemple :
- Convivialité et sociabilité : Participer à une activité préventive (comme des ateliers de santé ou des randonnées) peut offrir aux jeunes seniors l’opportunité de rencontrer des pairs et de créer des liens sociaux profonds. Les échanges humains deviennent un moteur pour l’engagement.
- Bien-être et usage immédiat : Un produit ou service lié à la prévention (par exemple, un aménagement de domicile pour plus de confort ou de sécurité) doit répondre à un besoin quotidien tout en promettant des avantages à long terme.
- Expériences enrichissantes : Dans le secteur du tourisme, la demande de jeunes seniors pour des activités favorisant les rencontres montre que le bénéfice secondaire immédiat — des relations épanouies — prime souvent sur l’objectif initial.
Une approche psychologique clé
Psychologiquement, un bénéfice secondaire immédiat atténue la peur liée aux enjeux de santé à long terme, comme la perte d’autonomie ou la dépendance. En activant des émotions positives — plaisir, confort, lien social —, on limite l’impact des émotions négatives associées à la prévention.
Ce phénomène repose sur le principe de « collapse d’ancrage » : deux émotions opposées ne peuvent coexister pleinement au même moment. Ainsi, la satisfaction à court terme aide à surmonter les réticences envers les actions à long terme.
Une double promesse pour une meilleure adhésion
Pour que les produits et services de la Silver économie trouvent leur public, ils doivent offrir une double promesse :
- Une perspective de santé et de sécurité à moyen et long terme.
- Un bénéfice immédiat et palpable, qu’il s’agisse de confort, de lien social ou de bien-être.
En adaptant les actions de prévention et les produits à ces attentes, les professionnels du marché des seniors pourront engager davantage de jeunes seniors dans une dynamique positive, et ce, bien avant que des fragilités n’apparaissent.
Investir dans une prévention réfléchie, immédiatement bénéfique et durable, c’est donc répondre à leurs besoins multiples pour un avenir en meilleure santé.
NEWSLETTER
Recevez chaque semaine la newsletter AgeEconomie et l'émission Le Grand Entretien
EMISSION LE GRAND ENTRETIEN
Le site de l'émission (vidéos et replays)