Prévention chez les 50+ : une question cruciale de la CSP

Prévention chez les 50+ une question cruciale de la CSP

La prévention alimentaire est aujourd’hui au cœur des stratégies de santé publique pour les seniors. Or, l’étude Moli-sani, publiée dans l’International Journal of Epidemiology, révèle un élément clé qui devrait interpeller les professionnels du secteur : l’efficacité des régimes alimentaires préventifs, comme le régime méditerranéen, n’est pas uniforme selon les classes socio-économiques (CSP).

Des bénéfices inégalement répartis

L’étude Moli-sani a suivi près de 19 000 hommes et femmes en Italie pendant plus de 4 ans. Elle a démontré que si l’adhésion au régime méditerranéen – riche en fruits, légumes, poissons, céréales complètes et huile d’olive – réduisait globalement de 15 % le risque de maladies cardiovasculaires (MCV), ces bénéfices étaient surtout observés dans les groupes les plus favorisés.

Chez les personnes ayant un niveau d’éducation élevé ou un revenu familial supérieur à 40 000 euros par an, la réduction du risque pouvait atteindre 61 %. En revanche, aucune réduction significative n’a été observée chez les individus issus de milieux moins favorisés.

Pourquoi ces différences ?

L’analyse approfondie a révélé des écarts dans les habitudes alimentaires malgré une adhérence apparente similaire au régime méditerranéen. Les individus de CSP élevées consommaient :

  • Plus de légumes biologiques.
  • Plus de poissons et moins de viandes transformées.
  • Une plus grande variété de fruits et légumes.
  • Davantage de produits à grains entiers (pain complet, céréales complètes).

Les méthodes de cuisson différaient également, les personnes de CSP supérieures utilisant des techniques plus saines (cuisson à la vapeur, mijotage), tandis que les groupes modestes recouraient davantage à des pratiques moins favorables (friture, rôtissage).

La CSP influence de nombreux secteurs de la prévention

Au-delà de l’alimentation, le statut socio-économique influence de nombreux aspects de la prévention chez les seniors. La CSP conditionne non seulement les choix alimentaires mais aussi l’accès aux soins, aux activités physiques et aux ressources éducatives.

Les individus des groupes socio-économiques les plus élevés ont généralement une meilleure compréhension des enjeux de santé, adoptent plus facilement des comportements préventifs et disposent des moyens nécessaires pour accéder à des produits de qualité.

À l’inverse, les seniors issus de milieux modestes peuvent être confrontés à des obstacles financiers et culturels qui limitent leur capacité à intégrer ces pratiques dans leur quotidien.

Des leviers d’action pour les professionnels

Ces résultats doivent inciter les professionnels de santé, les nutritionnistes et les responsables des politiques publiques à repenser les programmes de prévention destinés aux seniors.

1. Adapter les messages de prévention :
Il est essentiel d’adapter les recommandations en tenant compte des réalités socio-économiques. Par exemple pour l’alimentation, préconiser des sources de protéines abordables (légumineuses, œufs) et mettre en avant des recettes économiques mais équilibrées.

2. Favoriser l’accès à des produits de qualité :
La création de subventions ou de réductions sur les fruits et légumes biologiques ou les céréales complètes pourrait être un levier puissant. Des partenariats avec des producteurs locaux peuvent aussi renforcer l’accès à des aliments sains à moindre coût.

3. Éduquer à la diversité alimentaire :
Des ateliers pratiques sur la diversité des régimes alimentaires et les bienfaits des produits complets ou biologiques pourraient aider à démocratiser ces pratiques alimentaires.

En conclusion

Dans une étude que nous avons menée avec Senior Strategic, nous avons retrouver le même type de différences dans d’autres secteurs de la prévention : activité physique, mémoire, adaptation du domicile…

La prévention chez les seniors ne peut être efficace sans considérer les différences de CSP. Il est impératif de développer des stratégies adaptées pour que chaque senior, quel que soit son niveau de revenu ou d’éducation, puisse bénéficier des bénéfices de la préventive. En agissant sur ces leviers, les professionnels peuvent contribuer à réduire les inégalités de santé et à améliorer la qualité de vie des seniors.

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